Médicaments : pourquoi il faut faire le tri dans son armoire à pharmacie

Maëlane Loaëc | Reportage TF1 Lise Cloix, Camille Astruc et Jean-Vincent Molinier
Publié le 14 octobre 2022 à 17h18, mis à jour le 14 octobre 2022 à 17h51
8% des Français ont commencé à utiliser des médicaments psychotropes avec la crise
8% des Français ont commencé à utiliser des médicaments psychotropes avec la crise - Source : LOIC VENANCE / AFP

En France, moins d'une boîte de médicament vendue sur dix est rapportée en pharmacie.
Recycler ses médicaments périmés ou inutilisés est pourtant un geste essentiel pour protéger l'environnement, mais aussi éviter des risques d'intoxication.

Deux fois par an, Emmanuelle fait le grand ménage dans son armoire à médicaments. Mais dans sa réserve, tout ne part pas au recyclage, par exemple une lotion contre les otites. "Ça va soulager les enfants, même si c'est périmé. Si cela se produit un soir, plutôt que d'aller aux urgences pour ça, on essaye le médicament", explique cette mère de famille dans le reportage du 13H de TF1 ci-dessus. Un réflexe risqué, puisque les traitements dont la date est dépassée doivent être ramenés en pharmacie. 

Sont concernés en fait les médicaments à usage humain qui ne sont plus utilisés, qu'ils soient périmés, entamés, ou ni l'un ni l'autre. Toutes les pharmacies sont tenues de les récupérer. Dans le bac entreposé dans une officine de Saint-Jean-de-Védas, dans l'Hérault, des médicaments de tous types ont été rapportés. "Vous avez un antibiotique, un médicament avec du paracétamol et de la poudre d'opium...", énumère le pharmacien Frédéric Pappalardo. L'opium peut polluer l'environnement ou être revendu illégalement s'il est jeté à la poubelle.  Comme lui, de nombreuses autres substances chimiques présentes dans les médicaments peuvent polluer les sols et les eaux s'ils finissent dans la nature.

"Un médicament n'est pas un bonbon"

Récupérés, les produits pharmaceutiques sont incinérés et vont servir à produire de l'énergie, "sous forme de vapeur et d'électricité", précise le ministère de la Transition écologique. Selon lui, 7000 logements peuvent être éclairés et chauffés grâce à la valorisation énergétique des médicaments non utilisés. 

Rapporter ces derniers, même encore valides, permet aussi d'éviter des erreurs de traitement. "Malheureusement, les gens ont parfois des énormes armoires à médicaments. Ils pourraient utiliser un autre médicament (que prescrit, NDLR), pensant qu'il est bien parce qu'il a été prescrit plusieurs mois en arrière", déplore le pharmacien. Solution de facilité, l'automédication peut avoir des conséquences sur la santé. "Il ne faut pas se tromper : un médicament n'est pas un bonbon", rappelle Dr Robert Le Stum, médecin généraliste. "Le danger, c'est de garder et d'utiliser des médicaments périmés, qui auraient certainement une efficacité bien moindre, et une tolérance peut-être aussi moins importante", explique-t-il. 

Sur son site, l'association Cyclamed propose une liste pour identifier précisément les médicaments des autres produits de santé et d'hygiène. Comprimés, gélules, pommades, sirops... De nombreux médicaments sont concernés, comme le précise aussi Ameli.fr. Agréée par les pouvoirs publics et regroupant l'ensemble de la profession pharmaceutique, celle-ci est chargée de collecter et d'éliminer les plaquettes non utilisées. Par ailleurs, pour faire gagner du temps aux pharmaciens et pour un meilleur engagement écologique, elle recommande aussi de séparer en amont les emballages en carton et notices en papier, destinés au tri sélectif à la maison, pour ne ramener que les comprimés en officine. 

Neuf Français sur dix disent avoir adopté l'habitude

Cette année, neuf Français sur dix affirment déposer les comprimés dont ils n'avaient plus besoin en pharmacie, surtout pour des raisons environnementales (pour 81% des sondés) et pour la sécurité sanitaire (65%), d'après une étude BVA réalisée pour Cyclamed, publiée au début du mois. Dans les faits, près de 10.000 tonnes de médicaments ont été effectivement ramenés en officines en 2021, l'équivalent de 2,5 boîtes par habitant, mais ce qui représente encore moins d'une boîte vendue sur dix. 

Toutefois, "la collecte de MNU (médicaments non utilisés, NDLR) en pharmacie reste stable dans un contexte où la population croit et vieillit", note l'étude, qui ajoute par ailleurs que "la séparation des emballages vides, en carton et des notices des médicaments en faveur du tri sélectif et du recyclage matière se développe nettement". Par ailleurs, la vente des médicaments en officine diminue également depuis une vingtaine d'années, à raison de 1% en moins par an, de quoi souligner un "usage de plus en plus raisonné" des traitements, estime l'association.  


Maëlane Loaëc | Reportage TF1 Lise Cloix, Camille Astruc et Jean-Vincent Molinier

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